« Chaque dernier dimanche de mai est le jour du souvenir de ces jeunes soldats qui ont donné leur vie dans cet endroit aujourd’hui si beau. Nous nous devons de leur rendre hommage, cette journée de recueillement nous rappelle aussi combien la paix est précieuse».
Monique Benier, maire de Belleau, place d’emblée ce Mémorial Day sous le signe de l’émotion. Celle qui prévaut en mémoire des quelque 5.000 Marines américains morts au combat dans ce bois français, voilà 89 ans, pour libérer la France. «Et, il y a maintenant 63 ans, rappelle ensuite le Général Charpentier, sur les plages de Normandie, des liens indestructibles se sont noués au sein de la communauté des soldats. Nous nous montrons dignes de cet héritage. Leur sacrifice n’aura pas été vain si, demain, soldats français et américains, nous écrivons ensemble de nouvelles pages d’Histoire pour la défense de nos valeurs communes.»
Pas une fausse note pour cette journée de mémoire : sécurité absolue, une vingtaine de gendarmes présents aux abords du cimetière américain dès 7 heures du matin, des cérémonies impeccablement menées et une foule nombreuse, disciplinée autant qu’impressionnée.
Dans un silence parfait, plusieurs centaines de personnes se sont recueillies, écoutant les hymnes nationaux, les discours et prières. Dépôts de gerbes, lecture de poèmes par des élèves du lycée Saint Joseph, puis sonnerie aux morts et envoi des couleurs.
Émotion et recueillement
Là, on a senti l’émotion gagner encore en intensité. Dans ce site superbement entretenu, à proximité des croix marquant autant de vies brisées, le vent s’associe aux commémorations, figeant la foule dans une attitude grave et solennelle. Les salves de mousquetterie, brèves et cinglantes, marquent les esprits.
Si aujourd’hui, tous ont fait le déplacement, officiels, représentants américains, corps d’armée des deux pays, anciens combattants ou union musicale, comme de nombreux anonymes, c’est d’abord au nom de ces «soldats français et Marines américains ayant combattu côte à côte dans la plus grande bataille jamais connue à l’époque».
A la suite des hommages, on assiste à des démonstrations, musique militaire, puis plus entraînant, et, captivant le public, un maniement d’armes en un ballet savamment orchestré.
Au terme de la matinée, les rangs se dispersent, dans le calme, tout le monde semble un peu bouleversé du spectacle auquel on vient d’assister; on lie connaissance et les accents fleurissent, « where do you come from ? », [D’où venez-vous ?, NDLR].
Les enfants veulent être photographiés aux côtés des descendants des libérateurs, on salue une dernière fois les poignantes croix blanches avant de rejoindre les voitures, certaines stationnées à plus de deux kilomètres, ou de prendre part à la réception donnée dans le proche village de Belleau, au nom de l’amitié franco-américaine.