Le musée de l'Hôtel-Dieu perd son enthousiaste fondatrice Micheline Rapine n'est plus.
C'est en 1973 que Micheline Rapine découvre le trésor des sœurs Augustines, caché dans le grenier de l'Hôtel-Dieu.
Celle qui s'est dévouée pour l'Hôtel-Dieu, est décédée dans sa 78e année. Il y a quarante ans, elle poussait la porte d'un grenier qui allait bouleverser sa vie.
TOUS se souviennent d'elle, déambulant dans la chapelle de l'Hôtel-Dieu en décrivant avec passion la création du monastère : « C'est Jeanne de Navarre qui, en 1304, fonda l'Hôtel-Dieu avec pas grand-chose, 13 lits, aimait raconter Micheline Rapine.
Au Moyen-Age, treize lits c'était beaucoup car on couchait à trois, quatre ou cinq, six dedans, tête bêche, les morts et les vivants ensemble. On n'avait pas peur des infections nosocomiales comme aujourd'hui, on sauvait plus la santé des âmes que celle des corps ! »
Le quotidien des sœurs Augustines, qui ont fait vivre le lieu, n'avait plus de secret pour elle depuis que sœur Thérèse-d'Avila, dans les années soixante, lui confie un trousseau de clefs ouvrant le grenier de l'hospice. Micheline, entrée à 14 ans à l'hôpital, est alors responsable de l'économat.
Elle conserve précieusement les clefs.
Ce n'est que treize ans plus tard, au décès de la dernière sœur Augustine que Micheline franchira la porte du grenier : « J'ai découvert une caverne d'Ali Baba », dira-t-elle plus tard.
Objets de culte, mobilier, céramiques, peintures, faiences, orfèvrerie, instruments de médecine y sont stockés.
« Je suis redescendue, j'étais habitée par la frénésie de la découverte. Je n'ai plus pensé qu'à une chose, protéger le trésor pour le faire aboutir ».
« Une volonté surnaturelle »
Dès lors, « investie d'une mission », la pugnace castelle ne cessera de vivre pour le fameux trésor.
« J'étais animée d'une volonté surnaturelle, c'est ce qui m'a fait tenir contre toutes les adversités que j'ai rencontrées.
J'ai passé outre ! »
Au cours de nombreux week-ends, elle se penchera sur les livres d'histoire, apprendra même à déchiffrer le vieux français.
Elle va aussi mobiliser toutes les bonnes volontés pour faire connaître ce trésor (élus, directeur départemental des antiquités et objets d'art, ouvriers de l'établissement et particuliers).
Dans les années quatre-vingt, le nouveau centre hospitalier ouvre ses portes, libérant l'Hôtel-Dieu de ses patients.
Micheline, nommée conservatrice du trésor par le maire de l'époque André Rossi, investit les lieux avec bonheur.
Un inventaire des pièces (1 356 sont inscrites à l'inventaire) est entrepris, des salles commencent à être restaurées et à être vues.
En 1992, l'association Arts et histoire créée par Pierre Lemret lui prête main-forte. Avec une armée de plus de 200 mécènes, la présentation des collections avance à grands pas. Tant et si bien qu'en novembre 2010, le musée s'ouvre au public.
Ne reste plus aujourd'hui qu'à obtenir le label musée de France et le rêve de Micheline Rapine sera entièrement réalisé.
François Alvoët, le président d'Arts et Histoire a déclaré « tout faire pour y parvenir ».
Décorée de la Légion d'honneur en mai 2011, elle a toujours voulu honorer cette distinction avec tous ceux qui l'ont soutenue dans sa démarche. Cette femme de caractère aimait aussi partager les honneurs.
Edition L'UNION du mercredi 10 avril 2013