CHATEAU-THIERRY (02).
La cérémonie d'hommage à Micheline Rapine, fondatrice du musée de l'Hôtel-Dieu.
«Lorsque sœur Thérèse franchit le seuil de l'économat en 1965, elle est à la recherche d'une personne de confiance, quelqu'un sur qui elle pourra compter pour veiller sur le trésor de l'Hôtel-Dieu quand elle ne sera plus là.
Micheline Rapine s'est sentie investie de cette confiance.
Ce contrat tacite lui a donné l'énergie nécessaire à la création de ce musée.
Sœur Thérèse lui a confié non seulement la clef du grenier de la communauté, mais aussi une mission de sauvegarde.
Ce n'est pas parce que ma mère est décédée que cette confiance doit être rompue. Aujourd'hui, c'est Micheline Rapine qui vous tend la clef et s'en remet à vous tous. »
Les mots de Françoise Rapine, fille de Micheline ont pris toute leur dimension après l'annonce de François Alvoët. Le président de l'association Arts et Histoire, gestionnaire du musée, avait en effet le visage grave lorsqu'il a révélé le désengagement de l'hôpital de Château-Thierry, propriétaire du bâtiment mais aussi des collections du musée.
"Le trésor est un legs à l'humanité"
La direction du centre hospitalier avait signé en 2010, une convention tripartite le liant à la Communauté de communes de la région de Château-Thierry et l'association, avec pour objectif d'obtenir le label « Musée de France ».
Dans une situation financière compliquée et en pleine réforme hospitalière, la direction serait dans l'obligation de vendre ses dotations non affectées au service public.
« L'Hôtel-Dieu est directement concerné », regrettait François Alvoët avant d'ajouter déterminé : « Nous tenons dès maintenant, à alerter la direction de l'hôpital que nous n'accepterons jamais une spoliation du trésor du musée de l'Hôtel-Dieu.
Le trésor est un legs à l'humanité, il appartient à tout le monde et ne saurait constituer une variable d'ajustement économique. »
Le président a invité les parties à instaurer « un dialogue gagnant/gagnant pour éviter la remise en cause d'un travail de plus de trente ans de sauvegarde et de protection initié par Micheline Rapine. »
À ses côtés, Michèle Fuselier, présidente de la CCRCT et le député-maire, Jacques Krabal ne pouvaient non plus se résoudre « à la vente à la découpe de l'Hôtel-Dieu. » « Nous nous battons aux côtés des professionnels de santé, nous ne méconnaissons pas les difficultés actuelles de gestion, mais nous en appelons au bon sens », martelait l'élue.
« Il faut avoir le souci de respecter ce qui a été fait », ajoutait le député. Quant à la direction de l'hôpital, pourtant associée à la cérémonie d'hommage à la créatrice de musée, « elle brille par son absence », pouvait-on entendre parmi la foule présente à l'événement. À travers sept siècles d'histoire, le trésor de l'Hôtel-Dieu a été sauvegardé.
« Bien des pauvres » sous la Révolution, puis caché par les sœurs Augustines pendant les deux guerres mondiales. Il a résisté à toutes les menaces.
Survivra-t-il « aux considérations marchandes » du XXIe siècle, la mobilisation politique et associative est en marche.
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Edition l'UNION du 17.09.2013